lundi 5 janvier 2015

Sea Change


Révélé avec le single d'ampleur intergalactique Loser, Beck s'était toujours ingénié à ne copier personne, et surtout à faire une musique en dehors de tout sentier battu. Passant d'un album étrange comme Stereopathetic Soulmanure à un autre carrément pop comme Midnite Vultures, à la vitesse où le premier quidam venu change de chemise, on a souvent été bien en peine de trouver un endroit où caser cette musique à mi chemin entre l'expérimental trendy et la pop encore plus trendy. Sea Change allait changer la donne.

On notera soudain, et peut-être pour la première fois chez cet artiste, une certaine lenteur dans le rythme des compositions, et des arrangements de cordes pour le moins inattendus. Tant mieux. Beck a écouté Melody Nelson l'un des (mettez le chiffre que vous voulez ici) meilleurs albums de tous les temps, et rêve secrètement de reproduire le miracle d'un Cargo Culte.

On se laisse donc emporter, homme grenouille à la dérive, au rythme lent d'une marée sans retour. Roulé dans les cordes délétères, et les percussions retenues de ces douze titres doux, suaves et, (allez savoir), empoisonnés. Ce disque est un bateau ivre, porté par une voix qui ne lutte pas contre le courant, mais qui l'accompagne toujours, louvoyant d'une côte à l'autre, cabotinant sans cesse sans le montrer, vers des rives de plus en plus oniriques. Vous ne me croyez pas ? Ecoutez donc Lonesome TearsRound The Bends ou Little One...

Artiste : Beck / Date de sortie : 24 septembre 2002 / Label : Geffen Records / Durée : 52'18"